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12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 20:19
Entre France et Madère
 
Nous prenons nos quartiers d’hiver
La vie au ponton
Nous sommes tellement bien arrimés au ponton B de Calheta depuis que nous y sommes arrivés le mercredi 21 novembre 2007 que l’idée de larguer les amarres pour faire un petit tour en mer ne nous vient même pas à l’esprit. D’ailleurs il y a peu de bateau qui naviguent le long des côtes de Madère à cette époque de l’année.
Les journées passent vite, un petit peu d’Internet le matin, deux trois courses à la supérette Pingo Doce, quelques ballades autour de Calheta l’après midi, une sieste, un soupçon d’entretien du bateau et la journée est déjà finie. La vie s’écoule tranquillement sous le ciel bleu de Madère. Un Madérien à qui je demande comment évolue le climat en hiver me répond : « je porte une chemisette toute l’année, je ne mets jamais de pull, ni de veste, ni de blouson sauf quand je vais en montagne ou en mer ! »



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Notre projet est de participer au rallye des Îles du Soleil qui partira de la marina Quinta do Lorde à Madère et nous emmènera dans une aventure de six mois, d’octobre 2008 à avril 2009, vers les Canaries, le Sénégal, les îles du Cap Vert avant de traverser l’Atlantique pour rejoindre le Brésil à Salvador de Bahia où nous assisterons au carnaval. Nous longerons ensuite les côtes brésiliennes jusqu’à l’embouchure de l’Amazone et remonterons ce fleuve, qui est le plus puissant du monde, sur plus de 1000 Kms.
Mais pour participer à ce rallye, il faut s’inscrire – le coût de l’inscription est important, plus de 6000€ - et amasser une quantité de renseignements nécessaires à la préparation du bateau et de l’équipage.
Nous décidons donc de rentrer en France par avion avec trois objectifs :
- Visiter le salon nautique pour y rencontrer les organisateurs du rallye des Îles du soleil et nous inscrire.
- Faire réopérer mon doigt qui n'est plus très mobile depuis que je l'ai coincé dans le mécanisme de quille de mon bateau en début d'année.
- Passer les fêtes de fin d’année en famille. 
Un mois en France
La première semaine se passe à Paris. Le temps maussade du début du mois de décembre nous oblige à remettre les pulls, chaussettes, blousons que nous avions abandonnés depuis longtemps.
Nous établissons notre camp de base chez nos amis Alain et Sabine, qui nous accueillent superbement. Ils nous hébergent pendant une semaine dans leur appartement ce qui nous permet de nous rendre au salon nautique plusieurs jours de suite. Alain pendant ses loisirs est moniteur de plongée et aussi grand collectionneur de cartels sujet sur lequel il est intarissable.
Au salon de la navigation nous rencontrons le nouvel organisateur du rallye des Îles du soleil. C’est un homme de poids, dans les deux sens du terme comme dit ma copine Micheyle. Il dirige le rallye en cours – édition 2007/2008 – tout en s’occupant de trouver des clients, comme moi, pour l’édition suivante. Après une soirée Ti-punch passée sur son stand en compagnie de plaisanciers qui ont déjà participé à cette aventure dans les années précédentes, nous confirmons notre inscription.
La suite de la visite du salon est consacrée au repérage des matériels obligatoires pour participer au rallye : une balise de détresse émettrice 406 Mhz avec système de localisation par satellite et une VHF portable qui viendra s’ajouter à la VHF fixe déjà présente sur Harmonie. Il sera ainsi possible d’établir des liaisons faciles terre bateau lorsque l’un d’entre nous descend à terre et que l’autre reste sur le bateau.

Pendant notre séjour parisien nous retrouvons avec plaisir quelques uns de nos amis autour de bonnes tables. En premier lieu Pierre Yves et Annie dans un restaurant Pakistanais. Nous parlons avec eux de leur nouveau bateau, de leurs navigations en Méditerranée et un petit peu de notre passé professionnel qui s’est déroulé dans la même entreprise. 
Puis nous rencontrons Micheyle et Vincent dans un restaurant de la rue Cambon qui, entre autres, sert des huîtres à volonté. J’en commande une douzaine avant de déguster le plat principal, un excellent châteaubriant accompagné d’un bon vin que Vincent a choisi en connaisseur. Micheyle commande des huîtres à titre de plat principal et unique. Le serveur lui apporte un immense plateau avec une expression du visage ayant l’air de dire « voila ma petite dame, avec cela vous allez en avoir pour un moment, je parie que vous n’arriverez pas au bout ! ». Vincent compte les huîtres sur le plateau, il y en a soixante. Nous discutons agréablement de nos projets tout en déjeunant. Le sujet de la conversation tourne autour du rallye des Îles du Soleil et de la remontée de l’Amazone. Micheyle et Vincent nous accompagneront dans cette partie du programme. Tout en discutant tranquillement, Micheyle déguste son plateau d’huîtres. Je savais qu’elle faisait une grande consommation de ces mollusques bivalves mais je ne l’avais pas encore vu à l’œuvre. Je ne vous décris pas la tête du serveur quand elle lui a demandé d’apporter un second plateau identique ! Il devait se demander si c’était une blague, un concours Guinness ou  une folle!
Le second plateau de soixante huîtres est arrivé et a été avalé au même rythme que le premier.
Vincent nous a expliqué que Micheyle consomme en moyenne 2500 huîtres par an.
 
Ensuite Jean Pierre et Simone nous reçoivent chez eux. Je me souviendrai longtemps de l’excellente tagine que Simone nous a préparée. Jean Pierre est aussi un ancien collègue ainsi qu’un navigateur avec qui nous avons fait une croisière remarquable aux Antilles il y a bien longtemps, celle qu m’a révélé le goût pour les navigations sous les tropiques. Nous convenons de nous revoir à Madère prochainement.
 
La seconde partie du séjour est moins réjouissante : opération du médius de la main gauche pour lui redonner plus de mobilité après l’accident de janvier 2007. J’espère que cette opération aura servi à quelque chose. Je n’en suis pas certain, la motricité de mon doigt ne semble guère améliorée pour l’instant. Peut être est-ce affaire de patience et d’exercices réguliers ?
 
Troisième partie du programme : les fêtes de fin d’année en famille, dans l’Eure pour Noël et en Lorraine pour le nouvel an. Accueil chaleureux qui compense la froideur du climat de ces régions. Nous enregistrons des -8°. Le foie gras à répétition, les filets de bœuf succulents, les huîtres, les bûches de Noël, le champagne à flot et le gris de Toul (le vin de mon adolescence) nous apportent non seulement les calories nécessaires pour tenir le coup pendant la durée de notre séjour, mais aussi celles superflues que nous allons ramener à Madère. C’est donc avec de nouveaux kilos en trop et un programme de footing que je reprends la direction de Funchal via Lisbonne. 
Nous avons retrouvé beaucoup de visages amis pendant tout ce mois passé en France. Nous espérons revoir certains d’entre eux sur notre bateau dans les semaines qui viennent. 
Retour à Calheta
Après un vol sans histoires nous atterrissons à Funchal et prenons un taxi pour Calheta. C’est un moyen onéreux mais indispensable pour transporter nos sacs lourds de tout le matériel acheté en France. Nous approchons de la marina avec une certaine appréhension après un mois d’absence. Il y a toujours le risque que quelque chose soit arrivé au bateau.
Ce n’est pas tant le vol que nous craignons. A Madère nous n’avons constaté aucune forme de délinquance ni d’incivilité, comme on dit. Les petits larcins, les dégradations de matériel publiques, les tags ne font pas partie du paysage. Ce que nous craignons c’est la houle qui a pu secouer durement notre bateau pendant notre absence.
En débarquant du taxi nous constatons que le bateau n’est pas à sa place. Bigre ! Un rapide coup d’œil circulaire et je l’aperçois au bout d’un autre ponton. Il a été déplacé. Je m’avance rapidement pour voir si tout est en ordre. Il est mal amarré. Un cordage est en lambeaux, sur le point de céder. Les tuyaux de protection des amarres que j’avais installé n’ont pas été remis en place. Tous les cordages qui retiennent Harmonie ont frotté durement sur les taquets et sont élimés. Heureusement la coque n’a pas cogné.
Je me rends aussitôt au bureau du port pour avoir une explication. La jeune préposée de la réception m’accueille toute contente que je sois revenu. Elle me dit tout sourire : « Vous êtes le propriétaire d’Harmonie. Votre bateau a bien été surveillé pendant votre absence. Le taquet sur lequel il était amarré a cédé sous la houle et les employés de la marina ont aussitôt déplacé votre bateau pour le mettre en sécurité »
Devant tant de candeur je ne lui dis pas que ces employés ont bâclé l’amarrage de mon bateau. 
Décorations de Noël, ciel bleu, 25°
Janvier ici ressemble au printemps de la France ou plutôt au printemps du sud-est de la France. L’air est pur et le soleil réchauffe bien. Le temps est propice aux grandes ballades.
Les décorations de Noël sont toujours en place. Devant la plage de Calheta une magnifique crèche grandeur nature a été installée. Des personnages richement habillés, la Sainte Vierge les Rois Mages, veillent Jésus. Des chants de Noël sont diffusés par un haut parleur. Tout cela est offert aux yeux du public jour et nuit sans surveillance particulière.

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Je prends contact avec le petit shipchandler de Calheta pour avoir un devis d’installation d’un enrouleur de trinquette. Il m’oriente vers la société ANB qui est concessionnaire Yamaha à Funchal. Les contacts avec son représentant, Gonçalo Olim sont cordiaux. Il est très serviable. J’espère que sa compétence sera à la hauteur.
 
Pour varier le rythme des journées à Calheta nous louons une voiture pour nous rendre au départ de la lévada do Risco et de la levada das 25 fontes. Elles mènent à des chutes d’eau spectaculaires. Les levadas sont plates comme je l’ai dit précédemment mais pour les atteindre, il faut passer par des sentiers pentus. Après 3 heures de marche nous sommes de retour, exténués, au parking où nous avons laissé la voiture. Nous finissons l’après midi à Funchal. Sur le port nous redécouvrons la trace de notre passage en 2001, un simple drapeau français peint sur le mur de la jetée sur lequel nous avions inscrit nos noms en compagnie de ceux de nos amis des bateaux Sirius II et Océane.
Trois bateaux sont amarrés au ponton visiteur et parmi eux un bateau belge, Pirlouit. Nous nous approchons et aussitôt nous sommes invités à bord par Alain et Anne Moerenhout qui en sont à leur deuxième tour de l’Atlantique. Ils ont la particularité de posséder trois bateaux. Celui sur lequel ils naviguent sera bientôt en vente. Ils rejoignent le Cap Vert où est amarré le dernier bateau qu’ils ont acheté, une goélette de 18m construite en 1981. Ils nous expliquent qu’ils fuient le temps gris et la vie trop stressante de la Belgique mais qu’ils trouvent le coût de la vie à Madère très élevé. Alain vient d’acheter quelques fruits pour plus cher qu’un cornet de frites, me dit-il !
Une semaine avec nos amis Jean Pierre et Simone
La semaine qui suit est agrémentée par la visite de nos amis Jean Pierre et Simone LBH qui viennent passer quelques jours sur notre bateau. Leur arrivée coïncide avec la période du carnaval de Funchal. Nous admirons le défilé sous une pluie battante, la première depuis des semaines. C’est dommage pour toutes les jeunes filles de Madère qui défilent en tenue légère. Nous rentrons nous aussi trempés à Calheta.

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Le lendemain nous nous visitons le centre de l’île avec une voiture de location. Nous empruntons des routes escarpées. Les précipices sont tellement profonds qu’ils me donnent le vertige. Je ne suis pas rassuré en conduisant et encore moins quand c’est un autre qui conduit !
Nous laissons la voiture pour nous promener à pied sur des levadas qui côtoient des paysages particulièrement magnifiques ; celle do Paul qui longe la côte sud de Madère et celle de Norte qui chemine dans la montagne.

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Nous finissons la journée par la visite du cap Girao, une falaise à pic haute de 500m. Je m’accroche de toutes mes forces à la rambarde de protection !

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Le jour suivant nous escaladons la montagne qui surplombe la baie de Calheta par un petit sentier sinueux qui se trouve à la sortie de la marina. Nous gagnons le haut du bourg pour retrouver la route en lacets qui nous redescend vers le centre ville. Nous longeons de toutes petites bananeraies cultivées à flanc de montagne où la terre est soutenue par des murets de pierres. Les bananiers sont plantés très serrés et irrigués par des canaux provenant des levadas. Eau et soleil, le rendement doit être très bon. La banane est la culture la plus importante de Madère.

 
Les maisons qui bordent la route sont construites sur des a pics invraisemblables. La route elle-même côtoie le précipice sans rambarde de protection. Je ne pourrais ni vivre dans ce type d’habitat au dessus du vide, ni conduire sur ces routes si dangereuses. Les habitants de Madère semblent s’y être bien habitués. Ils ont été obligés au fil des siècles de composer avec les caractéristiques de leur île montagneuse où il n’y a pas un are de surface plane, que ce soit pour bâtir leur maison, pour édifier leurs champs, pour construire les levadas et les routes.

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En route pour Funchal
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Après ces journées consacrées à la marche, nous décidons avec nos amis de faire une petite ballade en bateau de quinze milles qui nous mène de la marina de Calheta à celle de Funchal. Nous nous amarrons en face du drapeau bleu blanc rouge peint en 2001 sur la jetée et y ajoutons la trace de notre passage en 2008.

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La marina est toute proche du centre de Funchal. Nous sillonnons les rues à la recherche de tous les détails qui caractérisent la culture portugaise : les azulejos, les trottoirs pavés, les maisons en pierre de lave, les églises.



















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Nous prenons le téléphérique qui conduit au jardin botanique, écoutons du Fado en dégustant une sangria chez Marcelino et testons quelques bons restaurants.
La gentillesse des habitants est extraordinaire, que ce soit celle d’un chauffeur de bus qui prend le temps de bien nous renseigner, ou celle des commerçants qui font l’effort de nous parler en français.
Nous faisons des comparaisons entre la qualité de la vie qu’on peut mener à Funchal par rapport à celle des grandes villes françaises. Je vous invite à venir à Madère pour bâtir votre propre opinion.
 
Photos du jardin botanique
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Photos du marché de Funchal

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A la fin du séjour de nos amis nous louons une voiture pour terminer la visite de Madère. Nous empruntons les routes escarpées qui font le tour de l’île. Nous admirons les multiples curiosités de la côte : les petites maisons de Santana, les piscines naturelles de Porto Moniz, les levadas qui partent de Ribeiro Frio.

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Le passage de Tupa
Quelques jours après le départ de nos amis, le bateau brésilien Tupa qui était resté à la marina Quinta de Lorde depuis le mois de novembre vient s’amarrer à couple d’Harmonie. J’ai parlé de ce bateau dans le chapitre précédent. C’est une goélette qui a été construite artisanalement sur une plage au Brésil et a traversé l’Atlantique jusqu’au Havre dans le cadre de l’année du Brésil. Son propriétaire Cyril Peltier la reconduit par étapes au Brésil. Il nous fait lire un petit article paru dans Voiles et voiliers de février 2008 qui explique l’originalité de la construction de son bateau.
Nous passons avec lui et son équipage une bonne soirée sur Harmonie. Nous leur faisons connaître un rhum de Madère qui est d’excellente qualité et très parfumé, l’aguardente de cana, rum agricola da Madeira, Calheta, 50% vol.
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